05 septembre 2006

Appeler la chance

Je ne m'étonne plus de rien dans ce drôle de pays. Alors peut-être pour moi, les Coréens mettent les bouchées doubles.

Samedi dans le brouhaha du supermarché, j'entends tout d'un coup des gens qui parlent en même temps. Je veux dire par là qu'ils sont plusieurs à prononcer la même chose en même temps. Tiens, y'en a qui chantent maintenant... Mais ce n'était pas du tout rythmé comme une chanson. Je me rends alors compte que tous les vendeurs sont alignés en tête de rayons, se faisant face et répondent tous ensemble à un discours diffusé aux haut-parleurs. Un peu comme à la messe... A chaque tirade ils font des courbettes soumises comme il est coutume de faire ici. J'ai reconnu qu'ils ont plusieurs fois prononcé "kamsa hamnida" qui signifie "merci". Enfin, ils sont tous retournés à leur poste. Je voudrais bien essayer de leur faire faire ça chez Carrefour...

Et aujourd'hui, à l'usine le numéro 2 de Hyundai est passé pour une cérémonie d'appel de la chance. Il paraît que ce n'est pas un baptême et que cela n'a rien de religieux mais ça en a tout l'air. Un Autel est dressé à côté du four et des offrandes sont disposées majestueusement. Tout le monde attend en rang que le big boss arrive.

Il y a une traînée de casques bruns indisciplinés parmi les blancs, Ce sont les Allemands. Ils aiment toujours le brun... (humour)

Après le court discours du maître de cérémonie, le big boss approche, retire ses chaussures pour monter sur les nattes et vient s'agenouiller devant l'autel. On lui remplit un gobelet, il fait une série de gueules-en-terre, garde-à-vous puis prend le gobelet et va le clascher sur le four. Il glisse ensuite une enveloppe de pognon dans la gueule du cochon qui trône sur l'autel.


Une fois retourné dans son rang, il est imité par tous ses courtisants dont les contractants.


Les opérateurs ne déposent pas du pognon mais un dossier de bonnes intentions (probablement, je n'y comprends rien) Il y a un petit peu plus de recherche dans cette prise de vue. Admirez la belle bande d'acier qui sort de notre four.


A la fin, le boss revient s'agenouiller pour mettre le feu aux bonnes intentions.

On ne voit pas les flammes sur la photo mais on voit bien l'autel en détail et les enveloppes dans la gueule du cochon.
Après une très courte présentation de la ligne sur un synoptique, le boss se tire et un pick-up de bouseux remballe l'autel. C'est fini. Il paraît que les sous serviront à nous offrir un petite bouffe ce soir.

Bonne chance ! (pour le repas aussi)